Le Conseil de développement d’Estérel Côte d'Azur Agglomération s’est tenu la semaine dernière en séance plénière exceptionnelle, avec la participation de Jérôme Fourquet, politologue et directeur du département « Opinion et Stratégies d’entreprise » à l'Ifop.
L’organisation du travail, les modes de consommation, plus généralement la structuration de l’économie française ont été profondément bouleversés depuis quarante ans. En présence des membres du Conseil de Développement de la communauté d’agglomération Estérel Côte d’Azur, le directeur du département Opinion de l'Ifop, auteur de « L'Archipel français » et de « La France sous nos yeux », a dressé le bilan de la société française avec comme biais de décryptage, les sondages Ifop.
Il a notamment évoqué le changement du modèle économique français avec le passage d’une économie qui était encore centrée au début des années 80 autour de la production, l’industrie et l’agriculture ; à une économie davantage organisée autour de la consommation, du tourisme, des loisirs, des services. Cette évolution a entraîné des conséquences en termes d’aménagement du territoire français métropolitain : beaucoup de bassins industriels sont aujourd’hui en crise et le cœur battant de l’économie ne se situe plus dans ces zones mais sur les littoraux touristiques et dans les zones commerciales de périphérie.
Le dirigeant de l’Ifop considère que les choix de société ne sont pas forcément en adéquation avec l’ampleur des défis que le pays a à relever. Les confinements ont constitué une nouvelle étape dans cette remise en question de la centralité du travail avec des tendances davantage orientées vers le récréatif, l’hédonisme, le temps libre. Le rapport au travail a profondément changé, la perte de sens chez les travailleurs s’est développée, d’autant que l’argument financier a perdu beaucoup de sa force. 60% des Français déclaraient en 1990 que leur travail était très important dans leur vie alors qu’en 2021, ils ne sont plus que 24% à le dire. Aucune autre valeur (la famille, les amis, la religion) n’a connu une évolution aussi forte dans un sens comme dans l’autre. Aucune autre, sauf les loisirs montés en flèche. De la même manière en 2008, deux salariés sur trois souhaitaient travailler plus pour gagner plus. Aujourd’hui, deux sur trois sont prêts à travailler moins pour avoir davantage de temps libre.
Ces analyses, directement tirées de l'observation sur le terrain et d’études fouillées de statistiques et de sondages, sont riches d’enseignements et seront utiles aux membres du Conseil de Développement pour mieux cerner les évolutions de notre territoire.
© photos : Estérel Côte d'Azur Agglomération - Christine Delville